On l’appellera Anna. La petite quarantaine plutôt cérébrée, active et mère.
Dans les moments de doutes, régulièrement, ce qu’elle voit d’elle, c’est de la petitesse, de l’insuffisance, de l’incapacité, de la nullité. Elle se juge assez durement, décèle et souligne tout ce qu’elle perçoit comme un défaut, une imperfection. Elle semble n’être jamais assez bien pour elle même dans son référentiel.
C’est la part d’elle même qu’elle n’a pas acceptée. La petite ado maigrelette, toujours présente en elle, boutonneuse, incertaine, timide, laideron, gauche, cheveux gras et, je cite, râtelier centrale électrique directement connecté sur le réseau EDF.
En séance, elle décide d’accueillir cette petite adolescente dans une démarche un peu intellectuelle. Il lui est difficile de trouver de la beauté à la petite en l’état de son bourgeonnement, sans vouloir la transformer, sans vouloir transposer sur elle l’histoire du vilain petit canard en devenir de cygne.
Combien cette non acceptation sans transformation est parlante. Cette prise de conscience d’Anna est émouvante…
Jusqu’où devra t’elle chercher une perfection illusoire pour se trouver digne d’être aimée ? Elle a bien conscience que cette quête remonte à loin et qu’elle l’a initié petite pour recevoir quelques signes d’amour et d’attention de la part de son père. Cette connaissance lui permet de comprendre ses comportements mais ne l’aide pas à aller plus loin.
De manière symbolique et avec une certaine émotion, elle prend sa petite ado dans les bras. Comme elle prendrait dans les bras un de ses enfants, me dit-elle. Enfants qui ont le don de l’exaspérer par moments.
Un déclic se produit. Anna réalise qu’elle n’a pas besoin de transformer, de voir ses enfants en devenir ou différents pour les aimer tels qu’ils sont, avec leurs bons et leurs mauvais cotés. La petite en elle mérite tout autant d’être aimée sans avoir besoin d’être différente, d’être parfaite, d’avoir ceci ou cela. C’est beau et touchant de la voir se réconcilier avec cette partie d’elle, de l’accueillir, d’envisager de l’aimer sans conditions, de sortir du jugement. Quelle joie d’accompagner le changement!
Te reconnais tu dans l’histoire d’Anna ? Peut être cherches tu à être aimé(e) et que pour cela tu as besoin de performer, d’être une meilleure personne, d’être plus beau, plus belle, plus mince, plus intéressant ?
Aime toi d’abord aussi simplement que cela. Accueille toi. Accorde toi l’amour, l’indulgence que tu accordes à tes enfants, à ta, ton chéri(e), tes amis choisis, les êtres chers à ton coeur.
Fanny Gaye
Thérapeute psycho-corporel