Après avoir traversé une forme de nuit noire de l’âme, je ne crois plus aux thérapies miracles qui sont pourtant légion, vendues et promues à outrance sur la sphère web.
Je crois à la réalité du contexte qui crée la dépression, la maladie, l’effondrement. Et que c’est en changeant ce contexte que l’on sort de la maladie. Cette maladie étant un indicateur du besoin de changement auquel on résiste. Je crois aux accompagnements un peu plus terre à terre, où l’on prend la responsabilité de sa vie et de ses choix.
Je crois à la mise en lumière d’un passe enfoui, parfois transgénérationnel, pleuré, crié, nettoyé, rendu, reconnu.
Je crois que la vie a son rythme et quand un miracle se produit c’est le fruit de longues heures sous-marines de travail plus ou moins conscient, c’est l’érosion progressive des blocages qui deviennent visibles, c’est parce que tu prends conscience que tu es à la fois faible et puissant et que tu peux expérimenter ces deux facettes. Et par ta puissance, ta foi en ta guérison, tu guéris, tu transformes, tu alchimises rapidement ou petit à petit.
Mais parfois, ça prend du temps, c’est long, il y a des étapes, car la vie te pousse à grandir dans ces espaces étriqués, qui semblent sans vie. Mais ce ne sont pas des espaces stériles. Le jardinier le sait bien, il prépare la terre, arrache les mauvaises herbes, et elle ressemble à un terrain désolé, aplani, vide. Mais ce sont les prémices nécessaires à l’éclosion de la vie. Cette terre a ses lois et ses cycles, et on ne peut forcer le miracle. Nous ne sommes pas ici dans la pseudo vertu de mériter sa guérison, bien imprégnée de judéo christianisme, mais ce monde a son rythme, sa respiration et nous ne faisons pas exception. Et nous ne savons plus attendre, patienter, observer le petit mouvement, car bien trop agités à courir dans tous les sens et chercher dans toutes les pratiques une guérison immédiate et soulageante.
Le miracle c’est juste quand la fleur émerge après être passée par tous les stades. Peut être au final est ce plus riche d’espoir que de prendre conscience de cela au lieu d’attendre le miracle, de ne pas le voir se produire et revenir dans de vieux schémas d’abandon, de rejet, d’injustice, d’impuissance … Et enfoncer à nouveau du doigt la petite pousse qui sort de terre.
Le miracle c’est aussi ce changement de vision, de conscience d’où tu en es du processus et de son acceptation tranquille et confiante. C’est cesser la course et regarder respirer.
Fanny Gaye