Et ton corps ? Tu ne l’aurais pas un peu oublié ?

On nous a appris à fonctionner avec la tête, à avoir une démarche analytique, logique et mentale de tout problème, de tout dysfonctionnement et cela dès tout petit, dès l’école. Cette démarche a de multiples avantages car elle est structurée, elle donne un sentiment de maitrise, de progression linéaire, elle permet de savoir où on en est, on l’on va. Elle est rassurante, elle permet le contrôle.

Mais il en résulte plusieurs travers. Le premier est celui de croire que tout peut être solutionné par la réflexion. Et quand ce n’est pas le cas, nous sommes remis en cause personnellement, comme si nous étions incapables, inadaptés, pas assez intelligents. Sensation d’échec, d’inaptitude, parfois de nullité.

Le second travers est celui de nous déconnecter de notre corps et d’engendrer des processus mentaux qui tournent en boucle, usants, stériles. Or, nous ne sommes pas qu’esprit, nous sommes aussi et avant tout un corps. Il est surprenant de ne pas en tenir compte, de vouloir l’asservir et en faire un bon petit soldat à notre service. En réalité, notre corps est notre partenaire de vie.

Mon constat aujourd’hui après plusieurs années d’accompagnement en thérapie psycho corporelle, est qu’il est bon de passer par notre corps, car notre corps a énormément à nous apprendre, il a beaucoup à nous dire. Les ressentis de notre corps peuvent nous permettre de faire des choix, de nous éclairer sur ce qui est juste pour nous, sur ce qui se passe en nous, nous aidant ainsi à trancher et laisser de côté nos processus mentaux.

Notre corps s’autoguérit constamment, et il contient toutes les pistes pour guérir ce qui est abimé suite à des traumatismes, des parcours de vie difficiles, des blessures. Il a une intelligence propre, des mouvements spontanés de libération de ce qui a été coincé, inachevé, de ce qui nous a laissé figé, sans ressource, démuni, choqué. Il stocke tout un tas d’émotions enfouies et refoulées qui ne demandent qu’à être mises au grand jour, vécues, traversées et libérées. Notre corps n’oublie pas. Et cette libération de ce qui est coincé, enfoui, engendre une nouvelle façon d’être au monde, modifie nos croyances, nos automatismes.

Travailler en collaboration avec notre corps permet une approche holistique, globale, nous prenant en compte contrairement à une approche purement mentale qui aura tendance à focaliser sur un point et aussi à se raconter des histoires. Notre corps ne triche pas, ne manipule pas.

Ne rejetons pas l’approche mentale, car elle a du bon, elle permet la compréhension, elle permet de faire le tri dans ses pensées, pensées qui engendrent des émotions, des actes et qui finissent par influer sur notre personnalité.

La voie appropriée est toujours dans l’équilibre, l’usage de la tête et du corps pour un alignement entre ce que nous ressentons, ce que nous pensons et faisons.

Fanny Gaye
Thérapeute psychocorporel