Une personne qui vient en accompagnement m’a dit un jour : « je viens ici pour être écoutée, car je me rends compte que dans mon entourage, même aimant, l’écoute c’est compliqué ».
La plus belle écoute est une écoute empreinte de présence, d’intérêt sincère, de patience, de laisser être et dire, d’acception, de compréhension, de non-jugement, de non-interruption, de non-intervention si ce n’est celle de la reformulation.
Cette écoute-là soigne, panse les plaies, fait que l’on s’entend soi-même, que l’on se valide, que l’on se reconnait, aide à l’acceptation, entoure, enveloppe, aide à se faire sa propre place pour être.
Qu’il est rare de recevoir une telle écoute.
Qu’il est nécessaire de recevoir une telle écoute !
Allons plus loin, il me semble qu’à certains moments de fragilité, ne pas recevoir une telle écoute blesse, attriste, suscite la colère et des actes impulsifs.
Les principaux obstacles à la communication sont les suivants :
– Commander « Il faut te remettre au travail »
– Menacer « Tu ferais bien de te mettre au travail, sinon tu n’auras pas une bonne appréciation.»
– Moraliser « C’est de ta faute si tu n’y arrives pas, ne commence pas à chercher des excuses »
– Conseiller « Si j’étais à ta place, je me concentrerais un peu plus. »
– Rationaliser « Sois logique, il ne te reste plus que la dernière partie à faire ; ça n’est pas beaucoup. »
– Critiquer « Tu es trop lent et tu te mets toujours au travail en retard. »
– Ridiculiser « Tu agis comme un enfant de deux ans. Dire que tu as 7 ans ! »
– Interpréter « Tu essaies de me raconter des histoires pour ne pas terminer ton travail. »
– Complimenter « Je sais que tu réussis bien d’habitude. Je suis certain que tu vas trouver le moyen de terminer ton travail à temps. »
– Consoler « Ca va passer. Moi aussi, je suis fatigué. Tu vas voir qu’en t’y mettant, cela va aller mieux. ».
– Questionner « Pourquoi n’y arrives-tu pas ? Tu as déjà passé combien de temps sur ce travail ? C’est si difficile que cela ? Qu’est-ce que tu ne comprends pas ? »
– Esquiver « Parlons d’autre chose, j’ai l’impression que tu t’es levé du mauvais pied ce matin.
Qu’il est aisé de tomber dans plusieurs de ces travers.
Combien de fois, dans mon désir d’aider, d’accompagner ai-je pu suggérer, interpréter, donner des solutions.
Et l’on réalise que cette façon de faire, produit parfois le contraire de notre intention.
Quand on nous suggère des solutions, cela nous rend petit, cela ne prend pas en compte nos blocages, car cela véhicule l’idée qu’on ne peut pas les trouver et dépasser soi-même. Quand on nous interprète, cela ne permet pas de prendre conscience de soi-même complètement, d’élaborer sur son fonctionnement, de se laisser percuter par sa propre vérité.
Être vraiment à l’écoute, celle du témoin lucide selon Alice Miller, demande une vraie détermination, du temps, de l’expérience, du travail sur la présence.
Donner une telle écoute, en s’effaçant soi-même, en laissant la pleine place à l’écoute est un cadeau magnifique. Toi aussi, tu peux donner en conscience à tes proches ce magnifique cadeau.
Fanny Gaye
Thérapeute psycho-corporel