Et si aujourd’hui on parlait de la blessure de rejet (blessure de rejet selon Lise Bourbeau à laquelle vous pouvez vous référer).
Elle restera anonyme. Elle s’exclue toute seule.
Elle brille par son absence et son retrait dès qu’elle se sent blessée.
Son absence et son retrait sont à la fois un appel à l’aide, une protection (elle ne veut plus rien avoir à faire avec ce monde), et une résignation : elle n’a de toute façon besoin de personne.
Et cette blessure s’ouvre à nouveau lorsqu’elle ne reçoit pas, selon ses propres critères, de l’attention, du soin, de l’écoute concernée, de la reconnaissance de qui elle est ou qu’elle aimerait être.
Elle fait aussi la confusion suivante : une écoute attentive est égale à l’amour. Si elle n’est pas écoutée, si on fait des hypothèses sur ce qu’elle ressent et qui sont plus ou moins vraies, si on lui coupe la parole dès qu’elle parle, si on ne lui accorde pas d’attention alors qu’elle va mal (ce qu’elle cache – se mettant donc en situation d’être de façon sure blessée et non reconnue) alors elle se sent rejetée, nulle, inexistante. Cela la réactive. Et vient la colère, l’agressivité (envers celui par qui la blessure est réactivée), et le rejet (rejet des autres et exclusion d’elle-même).
Elle attend qu’on la sauve d’elle-même. Alors qu’elle sait qu’elle est supposée être responsable de sa vie, de ses émotions, de ses ressentis, de ses actions, de son bien-être.
Comment elle réagit ?
– Ses attentes ? son attente est donc d’être secourue, écoutée, d’être validée dans sa valeur et le fait qu’elle existe aux yeux de l’autre et à ses yeux. Ce n’est juste pour personne finalement. Ni pour l’autre qui est pris en otage. Ni pour elle qui est dans la dépendance d’un besoin de réparation décalé.
– Avec un réflexe de fuite et d’exclusion. Ca ne l’aide pas, car elle se sent de plus en plus seule et nulle. C’est le réflexe impuissant de ce schéma inconscient. Elle valide ainsi qu’elle est bien inexistante et nulle.
– Avec une forme de victimisation : Comme si elle faisait en sorte, de manière non consciente, que l’autre soit coupable (elle passe dans l’accusation de l’autre) ou se sente coupable. Elle le fait payer par sa distance culpabilisante. Paradoxalement cette distance la rend visible et présente. Ce n’est juste pour personne.
Comment peut elle sortir de là, qu’est ce qui serait juste, respectueux d’elle-même, des autres et de sa souffrance en termes d’attente, de réaction et de posture ?
– Reconnaitre ce schéma, le voir de manière claire.
– Le détecter à chaque fois qu’il se manifeste
– Accueillir ce que cela lui fait vivre, être lucide
– Reconnaitre sa responsabilité dans le maintient de ce schéma et sa responsabilité dans son processus d’évolution et de sortie du schéma
– Partir du principe qu’il n’y a qu’elle pour prêter attention à elle-même. Qu’il n’y a qu’elle, la partie responsable d’elle-même, qui peut prendre soin de l’être souffrant en elle. Cet être qui a besoin d’être reconnu, de se trouver de la valeur, de la beauté. On prend soin de cet être, en le laissant pleurer, exprimer ses émotions, en conscience de ce qui se joue. En lui apportant les paroles de réconfort dont il a besoin. En ne l’abandonnant pas à ses schémas. En l’accompagnant. En étant un bon parent pour lui. En mettant en lumière la beauté.
– Plutôt que de marteler intérieurement sa nullité de manière réflexe, stopper ce discours en conscience. Parce qu’elle n’est pas esclave de ses pensées et qu’elle doit prendre conscience de cela. Focaliser sur ses atouts, sur ce qu’il y a de beau en elle et qui lui fait se sentir bien avec elle-même. Cela peut prendre du temps d’inscrire ce nouveau comportement, tant on est habitué à l’ancien comportement dénigrant et défaitiste.
– Et avec les autres ? Se pardonner de son éloignement, ne pas rester figée dans un ego blessé et ne pas considérer que l’autre doit revenir vers elle. Être indulgente avec elle-même. Si nécessaire rétablir le pont avec une communication adaptée. Se donner le droit d’aller dans ce schéma par réflexe, en d’en sortir. Se donner le droit de se tromper et de se laisser piéger par impulsivité. Et s’accompagner vers la sortie gentiment, mais avec fermeté.
– un bon candidat à la blessure de rejet considèrera qu’il doit sortir de sa vie toutes les personnes qui lui font vivre sa blessure. Sauf que tout le monde semble à un moment ou à un autre concerné pour être le mauvais sujet. Les personnes avec qui le maintient du lien n’est pas nécessaire sont les personnes toxiques ou avec qui la relation n’est pas équilibrée (relation de dépendance). Le hic c’est qu’il arrive que la clarté sur les relations se fasse lorsque la blessure est guérie et qu’elle n’interfère plus dans les jeux relationnels.
Te reconnais tu dans une blessure de rejet?
Fanny Gaye
Thérapeute psycho-corporel