Il vient en séance de câlinothérapie parce que dans son couple, il n’est plus libre de vivre la tendresse sans que sa compagne s’imagine que c’est pour lui sauter dessus, et il vit le rejet. En conséquence, il n’y a plus rien de nourrissant, de simple et de naturel au niveau du contact avec elle. Il est perdu, il se voit comme un monstre, ne sait plus s’il doit adopter la position de sa compagne où tous les hommes sont prédateurs, et donc lui aussi se définir comme un prédateur ou simplement se sentir légitime avec son besoin de contacts affectueux. Tout est compliqué. En séance, il parvient petit à petit à exprimer son besoin, les caresses qui le rassurent, qui le nourrissent. Et c’est la révélation. Révélation que c’est normal d’être dans un espace de tendresse sans sexualité, qu’il n’est pas un monstre, qu’il n’est pas un prédateur. Cela lui permet de retrouver un peu d’estime personnelle, et de s’auto valider dans des besoins essentiels.
Elle n’est plus toute jeune, et elle vient parce que plus personne ne la prend vraiment dans les bras, surtout après « cette histoire de covid ». Son mari est décédé, il y a un bout de temps déjà. Elle n’a pas retrouvé l’amour. Elle se sent desséchée de ne plus être touchée, regardée, prise dans les bras, câlinée. Et petit à petit, elle retrouve un peu sa joie et surtout sa capacité à dire son besoin d’être prise dans les bras à son entourage, d’avoir un contact affectueux. Sa fille l’a d’ailleurs entendue et prise en compte, ce qui a permis de resserrer leur liens.
Elle vient pour vivre une expérience de régression, pour recevoir un contact maternel qu’elle n’a jamais vécu. Elle vient avec son doudou, son pull cocoon tout doux. Contre moi, elle se met à sucer son doudou, comme un bébé. Elle est très libre de s’autoriser à aller vers son ressenti, à simplement recevoir et réécrire son histoire. Elle verbalise comme un enfant, et je lui réponds comme une mère. C’est fluide, joyeux et réparateur.
Il vient en séance parce que dès qu’il s’approche d’une fille, c’est tout de suite les grandes émotions, la perte de moyens. Il fait « tout foirer ». Au fil et à mesure de la séance, on déconstruit ses croyances, selon lesquelles il n’est pas capable de verbaliser, de savoir ce qui est bon pour lui, de ne pas avoir peur de ressentir. Les croyances qui le mettent en stress, mais au final, il expérimente que tout va bien, que tout est tranquille et qu’il peut vivre ce calme dans ses relations affectives. Qu’il peut dire ce qui est ok pour lui et ce qui ne l’est pas. Qu’il peut dire qu’avec cette fille, tout ce qu’il veut c’est de la tendresse et rien de plus. Il prend conscience qu’il peut s’autoriser à exprimer son besoin, sans perdre sa virilité, sans répondre aux attentes des autres.
Elle est mère de famille, et elle passe son temps à donner aux autres. Mais qui lui donne à elle ? Elle n’a pas de bras dans lesquels s’abandonner, se reposer, se restaurer sans se demander ce qu’elle doit donner en retour. Alors elle vient chercher le contact tendre, sans dire un mot, sans analyser, juste recevoir, juste être bercée. Et ça lui fait du bien, cet instant de pause pour elle.
Il vient en séance, parce que c’est un habitué des free hugs et que c’est devenu compliqué avec le covid et surtout après. 2 ans après, les gens ne se font plus la bise et ne se prennent plus dans les bras, surtout quand on a un certain age. Il ne vient pas pour se réparer, mais parce qu’il connait son besoin de contact. Il semble aussi avoir besoin de montrer que les hommes comprennent et respectent le droit au consentement. A la fin de la séance, il a l’impression d’avoir comblé quelque chose sans pour autant parvenir à le définir.
Elle vient parce qu’elle n’a pas été maternée, qu’elle a été maltraitée, attachée par sa mère. Elle a déjà beaucoup travaillé sur elle, sur les nombreux abus de sa vie. Mais il lui manque quelque chose, une réparation, de l’affection, peut être combler ses carences affectives précoces. Alors on va dans le bercement, le maternage, le contenant bienveillant. Elle ressent une sensation de plein et de connexion à elle-même. Elle fait un lien qu’elle n’a jamais fait : elle a un point intensément douloureux dans le dos où personne ne peut la toucher. Elle conscientise qu’il s’agit du nœud de la camisole dans laquelle ses parents la mettaient et qui faisait un point de contact avec le matelas. Point d’effroi. Elle constate que dans ce calin bienveillant, elle peut être touchée à cet endroit sans ressentir de douleur et d’inconfort. Apaisement d’avoir compris.
Elle vient pour se former à la câlinothérapie. Elle est ouverte, joyeuse, enthousiaste. En faisant les exercices de consentement, on se rend compte qu’elle accompagne toujours son positionnement du non avec un rire. Conscience que cette façon de faire, qu’elle retrouve dans sa vie, joue sur la puissance de son non, qui s’en retrouve atténuée. Elle a eu ensuite la sensation de se faire un câlin à elle même, elle se sent en sécurité, elle exprime qu’elle s’est autoréconciliée. Aussi puissant pour elle qu’une séance de kinésiologie. Je constate qu’on a parfois une idée de ce qu’on peut vivre et ressentir dans une séance de câlinothérapie, mais la réalité dépasse souvent les attentes et apporte des éléments nouveaux.