La vie, elle est trop sympatoche, elle nous fait tout le temps plein de cadeaux.
Si tu n’as pas résolu quelque chose, elle te le représente/ressert/re-offre indéfiniment, histoire que tu puisses avoir une nouvelle opportunité de le comprendre, de le dépasser, d’y apporter un début ou une suite de résolution. Alors, on se farcit x fois les mêmes enquiquinements, les mêmes emmerdements, les mêmes scénarios. Ce qui peut avoir le don de nous faire nous dire qu’on est nul, qu’on n’a pas de chance, qu’on est maudit ou que jamais on ne sortira de ces histoires qui remontent à loin, que c’est toujours pareil et que la vie est nulle.
Je vais prendre des exemples.
Elle s’appelle Alice. Elle tombe toujours sur des boss autoritaires qui trouvent toujours à redire sur son travail (qu’il manque ceci ou cela) alors que c’est quelqu’un qui est très performant par ailleurs, très organisé, très bosseur et très appliqué au niveau pro. Des boss qui lui rappellent son père. D’ailleurs, elle a pris conscience qu’elle s’est mariée avec quelqu’un comme son père. Elle subit ces situations et c’est difficile pour elle d’oser s’affirmer, du haut de sa petite cinquantaine et de dénoncer la situation un chouïlla abusive, exigeante et de demander la reconnaissance juste de son travail, de son dévouement.
Elle s’appelle Anna, elle s’est toujours sentie insuffisante pour intéresser son père distant, trouver grâce et affection. La conséquence c’est qu’elle rejoue l’insuffisance vis à vis de ses enfants, qu’elle ne se sent pas une assez bonne mère pour eux, quoi qu’elle fasse. Elle y retrouve alors le désespoir d’avant transposé à une autre situation tout aussi douloureuse et qui la replonge dans le même état d’impuissance.
Une dernière personne (on ne parle décidément que du père et ne croyons pas que tout repose sur eux), elle avait peur de son père autoritaire et peu démonstratif. Elle a l’opportunité de travailler dans une agence d’intérim, de changer chaque année de mission, de lieu de travail, de collègues et de pouvoir s’affirmer différemment sur chaque mission. Sur la dernière mission, elle s’est retrouvée avec un chef à l’ancienne, paternaliste, autoritaire qui l’intimidait. Elle a pris le parti de chercher une forme de connivence / complicité avec cette personne, d’oser l’humour et la familiarité même si elle était intimidée, de se mettre sur un plan d’égalité. La conséquence que cela a eu, c’est qu’aujourd’hui, elle n’a plus peur de son père, et retrouver une relation un peu plus équilibrée. Tout ceci a pu émerger avec un bon travail préalable de prise de conscience, de prise de confiance.
Qui ne connait pas une Géraldine qui exprime régulièrement qu’ “elle tombe toujours sur le même genre de mecs qui ne veut pas s’engager.” ?
La bonne question, plutôt que de se flageller en mode “j’ai vraiment trop pas de la chance”, est surtout de se demander “qu’est ce que je fais de ces répliques relourelourelourelou ??”. Qu’est ce que je change ? Qu’est ce que j’affronte aujourd’hui dans la mesure de mes moyens et en me respectant pour avoir une chance que la vie me présente un jour un autre scénario plus glopglop ?
Où dois je m’affirmer? Exprimer et faire entendre mes besoins ?
Quand est ce que je me fais respecter?
Où est ce que je dois oser ?
A quel moment je dis stop ? En plus t’as le choix de mettre en place ces changements là sur les situations répliques les moins difficiles et ceci te fera avancer sur ta situation origine du problème. Tu me comprends ou il n’y a que moi qui me comprend?
Exemple : si Anna progresse sur la situation d’être insuffisante avec ses enfants, il y a fort à parier qu’elle avancera aussi sur le fait de se sentir moins insuffisante avec son père, avec les hommes, avec ses collègues. Et vice versa.
La possibilité d’induire ces changements là commence avant tout avec la conscientisation de ces scénarios de vie (que l’on peut faire de manière autonome ou avec l’aide d’un accompagnant), de qui est le destinataire, d’expression des besoins qu’il y a derrière, etc … Et ceci, dans notre approche psycho-somatique est très souvent lié à une somatisation dans une zone bien particulière et symbolique du problème.
Alors quelles sont tes situations récurrentes à toi ? De quoi parlent-elles en réalité? Quel est le petit pas que tu pourrais faire pour induire une nouvelle façon d’être?
Fanny Gaye
Thérapeute psycho-corporel