Quelles sont les parties de toi qui gueulent le plus fort ou le plus souvent ? Est ce le parent autoritaire qui représente l’autorité, la morale ? Est ce le parent nourricier qui accueille, qui protège, qui console, qui encourage? Est ce la voix pleine de biatcheries, résidus de certaines joyeusetés conditionnantes martelées par nos éleveurs parentaux (les fameux “t’es nul”, “tu comprends rien”, “tu sais pas faire”, “tu ne vaux rien”, “ce que tu es maladroit”)?
Est ce l’enfant rebelle qui s’oppose, qui lance le pavé dans la marre, qui remet en cause l’autorité, qui se roule au sol en plein lieu public en hurlant comme un chat qu’on étripe? Ou bien celle de l’enfant adapté soumis qui se fait discret, tout petit pour ne pas attirer l’attention et parfois les représailles ou qui n’ose pas s’affirmer (sage comme une image)? Ou enfin l’enfant libre qui joue, qui rie, qui danse, qui découvre, qui fait de la flaque de boue une baignoire individuelle ?
Dans certains courants spirituels ou religieux, c’est un peu comme s’il fallait tuer certaines de ces voix, ou parties de la personnalité, pour prétendre à la youpitude béatifiante. Comme s’il fallait se racheter de nos imperfections à coup de fouet, de pénitence, de mentos dans le palais arrosés au coca ou de match de la champion’s ligue sans chips ni bière?
Et dans ces courants ou cette façon de penser, il y a quelque chose de violent, de l’ordre du déni, de la fuite ou de la condamnation.
Je ne pense pas, et cela m’appartient, qu’il faille tuer ou faire taire ces voix à coup de tatane, pour ne garder que l’enfant libre et le parent nourricier. Qu’il faille trancher pour le cote blanc et pur de la dualité. Tu te vois choisir entre te couper un bras ou une jambe toi ?
Je vais pousser mémé dans les orties, ça lui fera circuler le sang, mais la sagesse ne s’accompagne t’elle pas d’une bonne dose de folie (ou de connasserie assumée), d’expérience, de vécu de souffrance, de coexistence de toutes les possibilités en nous ?
eut être que tu peux juste accepter la cohabitation de toutes ces parties de toi. Tu as le choix d’alimenter et de favoriser celles qui te font du bien. De répondre à ou d’éconduire gentiment mais fermement celles qui te font te sentir divisé. On dit souvent qu’il est bon de faire la paix en soi pour la paix soit dans le monde. Ca commence de cette façon.
Une légende Amérindienne raconte :
Un vieux chef Indien Cherokee utilisa une fable avec deux loups pour enseigner la vie à son petit-fils.
Il commença, « C’est un combat terrible qui se produit entre deux loups. L’un est mauvais, il n’est que colère, envie, tristesse, regret, avidité, arrogance, auto apitoiement, culpabilité, ressentiment, sentiment d’infériorité, mensonges, faux orgueil, sentiment de supériorité et ego. »
Alors que l’autre loup, dit-il « est bon, et n’est que joie, paix, amour, espoir, sérénité, humilité, bonté, bienveillance, empathie, générosité, vérité, compassion et foi. »
Selon le chef Indien, cette bataille intérieure est vécue par chacun
d’entre nous sur cette terre, « Ce combat terrible se passe aussi en
toi, et à l’intérieur de chacun. »
Le petit-fils demanda : « Grand-père, lequel des deux loups va gagner? »
Le vieux Cherokee sourit et répondit simplement:« Celui que tu nourris».
La petite nuance qui change tout est qu’on n’est pas ici dans la volonté de trucider le loup mauvais, mais de nourrir le bon loup.
Qu’est ce que t’en penses tu, toi de tout ça?
Fanny Gaye
Thérapeute psycho-corporel