Je suis intimement convaincue qu’une thérapie qui transforme en profondeur, ce n’est pas toujours une thérapie où on dissèque les méandres de l’esprit. Bien que cette phase soit bien utile et nécessaire, pour mieux se comprendre, pour apporter de la clarification, de la lumière à un comportement, à des sentiments, pour se déposer et être écouté sans jugement sur les lieux où il n’y a pas eu de regard et de reconnaissance. Et parce que notre mental suractif a parfois besoin de cela.
Une thérapie qui transforme, c’est une thérapie où émergent un changement de regard, un accès à ses ressources, une compréhension dans le corps, une conviction / révélation lumineuse de l’être profond loin des schémas récurrents et enfermants de notre histoire.
C’est ce moment où, la lumière de cette partie de nous qui fait que nous respirons sans le contrôler et qui nous maintient dans notre élan de vie et de réalisation, transperse les couches de mental, il n’y a rien à penser, il n’y a rien à comprendre, c’est quelque chose qui se ressent et qui change notre regard sur notre vie. C’est immédiat. C’est un déclic. Et ce changement de regard produit un changement de comportement sans qu’il y ait besoin de l’intellectualiser ou d’en faire une série d’actions contrôlées par la volonté.
Je constate en cabinet que cela se produit au moment où tu laches sur les idées de comment cela doit être. Où tu te laisses surprendre par le ressenti de ton corps et la piste qu’il suggère, danse avec ton corps. C’est l’écoute de ton corps comme si tu l’entendais pour la première fois. De ces images qu’il suggère et qui te transforment. C’est l’ouverture que tu te donnes à toi-même pour l’exploration de nouveaux chemins. Ce moment où tu poses ton mental. Où tu te laisses toucher. Où tu oses aller différemment. Où tu es à la fois attentif et dans l’accueil. Où tu oses confronter ton impasse. Parfois il n’y a rien à dire, rien à faire. Juste cesser la lutte, accepter. Ce sont des fulgurances qui aèrent les croyances. C’est sentir la présence dans les lieux d’abandon. C’est sentir la place dans une vie de rejet. C’est regarder au-delà de ce qu’on croit savoir. Oser l’abandon du corps pour retrouver une légèreté, une fluidité, une sécurité. C’est parfois paradoxal, comme découvrir le plein dans le vide.
A un moment, il y a quelque chose qui lâche le contrôle et qui permet de voir, de fendre le brouillard de la protection, de cette protection limitante dont tu n’as plus besoin et qui te maintient dans une vie étriquée et sans joie.
C’est aussi comme un poussin qui sort de sa coquille, c’est un mouvement qui se fait de l’intérieur vers l’extérieur. Tu n’as pas besoin de recevoir, tu as juste besoin de laisser jaillir ce qui est en toi.
Ca fonctionne comme un rêve. J’ai rêvé il fut un temps, un rêve en plusieurs phases, plage avec ma sœur, avec Sean Penn :D, maison tarabiscotée, estuaires, soleil. Le contenu du rêve en lui-même n’a pas d’importance. Mais au réveil, c’est comme si mon regard sur le monde avait changé, comme si tout était joyeux, léger, insouciant, comme si on était en vacances, de ces vacances où il n’y a rien à porter, planifier. Alors que rien n’avait changé par ailleurs. Juste un changement de regard qui change la perception du monde, de la vie.
Le changement de regard où tu ne te vois plus comme le bébé abandonné (image que tu t’es construite) dans sa couveuse mais comme le bébé jouasse et acceptant. Le bébé résilient.
Fanny Gaye
Thérapeute psycho-corporel