Pour être le premier?

Tu sais quoi ? Je vais te faire un scoop révélation à deux euros et trente deux centimes (c’est important d’être biiiiien précis :-p).
Lors d’un atelier pour améliorer / travailler sur l’énergétique, j’ai fait la découverte que je ressentais un truc assez déplaisant. On était toutes des newbies dans le domaine, et aucune d’entre nous n’en savait pas bien plus que les autres. Nos formateurs adorables nous encourageaient avec bienveillance, chacune à notre tour, sur ce que nous avions fait de bien, d’intéressant, de juste et qui s’avérait être différent d’une participante à l’autre. Personne ne se détachait particulièrement du lot (selon ma perception) et se détacher du lot n’était pas vraiment du tout l’objectif. Un objectif aurait pu être de ressentir, d’être, d’écouter, de transmettre, d’expérimenter, d’être ancré, de se laisser guider par son intuition.

C’est alors que j’ai pris connaissance du monstre : cette idée déplacée comme quoi si je n’étais pas la meilleure ou la plus remarquable dans les tentatives d’expérimentation, d’aptitude, de ressenti, d’intuition, j’étais, en fait nulle. S’en suit comme une idée de dévalorisation de soi, peut-être même de découragement. Je pense que cela peut être aller beaucoup plus loin, jusqu’au rejet de soi, à la haine de soi.

Je n’ai pas vraiment vocation à faire ma thérapie en ligne, là maintenant :-D. Et pi d’abord c’est moi qui suit censée thérapeutiser. Simplement, je crois que cette perception est très largement répandue et c’est aussi pourquoi j’ai à cœur de mettre ceci en évidence.

Pourquoi on est en là? Parce que notre système éducatif fonctionne comme cela. Parce que nous avons été évalués, notés, mis en compétition et en concurrence dès notre plus jeune âge, sur des critères très discutables d’aptitude à l’analyse et à la mémorisation auditive entre autre (j’aime les raccourcis tralalali).

Et nous avons cru pour la plupart que si nous n’avions pas de bonnes ou les meilleures notes, des notes saluées par les professeurs, par le conseil de classe, par nos parents, nous ne méritions pas d’attention, d’encouragements, de félicitations. Nous n’existions pas. Passable. Médiocre. Elève moyen. Pas de place pour les élèves moyens dans ce système d’évaluation relatif. De la place pour les meilleurs et une considération négative des plus inaptes à répondre aux critères d’évaluation.

Sauf que, être le meilleur de manière relative sur une évaluation tout à fait relative, n’a aucune valeur absolue.

Ceci est admirablement résumé de la façon suivante :

T’as pas tellement besoin d’être le premier. T’as le droit de casser la gueule à cette idée à coup de batte de base ball. T’as vraiment besoin d’être toi-même si tu n’es pas dans le moule. Je dirais même plus, le monde a besoin que tu sois toi avec ta micro/macro diversité, faune locale, idées originales, singularité. Tu as une vraie valeur, une vraie beauté singulière.

Le boulot de ta vie va consister à savoir où sont tes points forts, qui tu es, si tu es un éléphant, un poisson, un singe ? Quand tu seras tout cela, quand tu sauras qui tu es, tu pourras exercer le métier ou l’activité selon tes compétences innées qui méritent parfois d’être développées, révélées. En gros qui n’ont pas pu être vues et développées par ton environnement familial ou le système éducatif. Tu trouveras alors ta place sans sentiment de te sentir nul, inadéquat, inapproprié.

Quel est le mérite de suivre le troupeau, qui se jette de la falaise, comme un petit mout mout de panurge, par peur de ne pas être comme tout le monde et d’être rejeté ? De se contraindre à être une autre personne et obéir à des idées convenues en vue d’un esclavage collectif ? Je ne prône pas l’anarchie, loin de là, mais le droit à la singularité, à la différence, de cette différence qui enrichit et qui contribue à un monde plus humain.

Je crois profondément que chacun à ce trésor là en lui. Qu’il a quelque chose de spécial à apporter au monde. Et donner ce quelque chose fera sa joie. A chacun donc de le découvrir, de le faire murir, fructifier et de l’offrir.

Parfois la thérapie, ce n’est ni plus ni moins que trouver le chemin qui mène à soi, de trouver ses propres ressources et ses propres richesses.

Fanny Gaye
Thérapeute psychocorporel