Alchimise ta peur

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Le sujet de la peur revient souvent dans mes écrits, car on n’en a jamais vraiment fait le tour. Ou pas.

Le problème principal de la peur restant son coté paralysant, le fait de se sentir impuissant, sans ressources, sorte de fatalité incitant à subir, à faire le dos rond, à rester prostré, à ne plus respirer. Ceci, le temps que la source de la peur disparaisse. Où le temps que notre corps l’assimile. Mon sentiment restant que le corps a un rôle de régulateur des émotions. Sans intervention spécifique, il faut du temps pour absorber sa propre colère, sa propre peur, pour redescendre, pour athénuer, pour se remettre à respirer. C’est un temps qui parfois peut s’étendre sur plusieurs heures, des heures de souffrance, d’attente de la fin et d’inconfort. Pour certains, cela peut être des heures de panique, de sensation de fin du monde, d’abandon, de perte de repère.

On dit qu’une émotion bien gérée dure en moyenne 20 minutes.

Ca veut dire quoi une émotion bien gérée ? Cela veut dire qu’en premier lieu, on parvient à identifier qu’on est dans l’émotion, dans la peur dans notre cas. Qu’on en comprenne ensuite le message, et que l’on positionne des actions appropriées. Ca c’est la théorie jolie, pleine de champs de fleurs, de rivières riantes et d’oiseaux gazouillants qui rassure. Mais il me semble qu’elle n’est vraie que dans le cas où l’on a toujours su bien traiter ses émotions, que les portes du passé aient été correctement fermées et que chaque émotion aie pu délivrer son message. Qui dans l’audience a appris dès son plus jeune age à saisir le sens de ses émotions et à agir en conséquence ? Je ne vois aucun doigt levé.

Il arrive donc que nos émotions soient décalées par rapport à ce qu’il se produit (et même qu’une émotion surgisse à la place d’une autre). Qu’elles ne semblent pas appropriées par rapport à la réalité, dans l’intensité comme dans la forme.. Et que cela nous fasse vivre un fantasme de risque de perte ou de mort possible (si l’on creuse).

Les émotions intenses sur des situations récurrentes qui viennent souvent de loin, sont juste les signaux qu’il y a quelque chose de profond à travailler, à réparer, à transformer. Ne pas les regarder pour ce qu’elles sont, les fuir ne fait que relancer la possibilité d’avoir à nouveau à les subir. La vie est tout à fait déterminée à te pousser à réparer ton âme. Et si on ne le considère pas ainsi, ces répétitions qui n’ont donc pas de sens, sont traumatiques et peuvent générer l’installation de croyances erronnées et limitantes. Sorte de malédiction manifestant que dans le fond, on n’est pas aimé, on n’a pas notre place ici, qu’on est destiné à vivre des trucs pourris, que la vie ne vaut pas la peine d’être vécue, que ca se passe toujours comme ça etc.

Alors tu vas me dire, comment on répare ? On sort quoi ? La clef à molette ? La pince à arracher les dents ? L’extracteur de souffrance?

Aujourd’hui je te propose un outil parmi tant d’autre.
Qu’est ce qui t’empêche de considérer que dans une situation donnée, ce que tu vis est juste là pour t’amener à regarder le problème de fond : le noeud de peur panique qui remonte à la surface de temps en temps. Que le vrai problème n’est pas tant le problème apparent, mais ton rapport à la peur? à l’angoisse ? Que ce que tu vis là, c’est encore une nouvelle occasion de réparer ce qui est cassé. La peur viscérale. A partir du moment où tu es d’accord avec cette idée, tu peux commencer à accepter la situation, à la regarder en face.

Bon et maintenant je fais quoi de cette enclume sur la poitrine, de cet étau dans la gorge, de cette cage thoracique figée, de ce froid, de cette sensation de manque de force, d’envie irrepressible de partir dans tous les sens? Je fais comme d’habitude ? Je fuis, je me distrais, je mange?

Ou peut être que tu peux juste te poser. Fermer les yeux, et respirer profondément. Regarder ta peur en face et la prendre dans les bras comme un bébé qui a besoin d’être rassuré. Par des mots. Mais surtout par une intention d’amour. De croire en ton pouvoir de transformation de la souffrance en amour. Je crois profondément que nous sommes tous capables d’alchimiser la peur en amour, que cela fait partie de notre nature humaine, divine et de notre appel. Parce que dans notre coeur se trouve un endroit d’une grande puissance, indestructible, et duquel peut jaillir à tout moment, notamment les plus douloureux, la source de l’amour et de la confiance. Ceci n’est pas une assertion gratuite mais le fruit d’expériences. (C’est à partir de cet endroit que je peux masser et accompagner dans une intention d’amour quelque soit ma capacité à aimer).

Quand on a, dans la situation émotionnelle intense, pu trouver cette source d’amour, il est bien possible de contacter la joie et la légèreté. Et d’avoir naturellement le calme nécessaire pour réagir correctement à la situation déclenchante de la peur. Cette intention d’amour amène à faire les choses calmement, à pouvoir y mettre de l’excellence, tout son coeur, comme si le but de ta vie était là, maintenant de mettre en place des actes de la manière la plus parfaite, la plus belle, la plus calme, la plus sereine. Comme si cela était l’aboutissement de ta vie, ce pourquoi tu es né.

Il me semble que toutes les situations de vie qu’elle génèrent des émotions ou non sont appellées à être vécues ainsi. La voie de l’amour. De la reconnaissance. De la transcendance. La perfection réside dans notre intention à alchimiser en amour.

Fanny Gaye
Thérapeute psychocorporel

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